Depuis plusieurs années, l’usage du téléphone au volant est déjà prohibé en France, avec une amende forfaitaire de 135 € et un retrait de 3 points sur le permis de conduire. Mais face à la recrudescence des accidents provoqués par ce type de distraction, le département des Landes s’apprête à aller beaucoup plus loin : la préfecture dirigée par Gilles Clavreul propose, à partir du 1er novembre, d’instaurer une suspension administrative du permis de conduire pour tout conducteur surpris au volant en train d’utiliser un téléphone.
Une mise en place progressive
La mesure ne sera pas appliquée du jour au lendemain. En octobre, une phase “pédagogique” sera lancée : les forces de l’ordre avertiront les automobilistes surpris, les informant des risques et des conséquences potentielles sans prononcer de suspension immédiatement.
Si aucun changement significatif dans les comportements n’est observé, la suspension administrative pourra être effective dès le mois de novembre. La durée maximale de retrait du permis est fixée à 6 mois, selon l’article L224-7 du Code de la route sur lequel s’appuie la préfecture des Landes.
Les motivations de cette nouvelle sanction
Le département des Landes a connu un été particulièrement meurtrier sur ses routes : entre juin et août 2025, 10 personnes y ont perdu la vie, ce qui a poussé les autorités à agir fermement. Par ailleurs, plus de 3 000 automobilistes ont déjà été verbalisés cette année pour usage du téléphone au volant, sans que les sanctions existantes (amende, retrait de points) n’aient suffi à freiner cette habitude dangereuse.
Toutefois, la mesure soulève des questions, notamment sur son caractère “excessif” selon certains, comme l’association “40 millions d’automobilistes”. Qu’est-ce qu’une “utilisation du téléphone” exactement ? Le simple geste de décrocher, consulter une notification, ou lire une carte via le GPS : ces cas devront être précisément définis pour éviter les interprétations arbitraires.
Vers une extension nationale ?
Un certain nombre d’acteurs politiques nationaux évoquent déjà l’idée
de faire de la mesure appliquée dans les Landes un dispositif généralisé à toute la France. Pour l’instant, rien de concret n’a été voté, mais le préfet des Landes lui‑même affirme que son initiative pourrait servir de modèle pilote. L’idée est de créer un effet d’entraînement : observer dans ce département si cette sanction plus sévère diminue vraiment les accidents liés au téléphone, puis, en cas de résultats probants, étendre la mesure à d’autres préfectures, voire l’instaurer au niveau national.
Plusieurs députés et associations de la sécurité routière soutiennent ce scénario, estimant qu’il faudrait harmoniser les règles sur tout le territoire pour éviter les inégalités entre départements, et pour envoyer un message fort contre la banalisation de cette infraction. Le projet requiert cependant une modification législative ou l’adoption de textes réglementaires nouveaux, ainsi que des débats sur l’encadrement précis de la suspension (durée, circonstances, recours) afin d’assurer clarté et proportionnalité.











