À la rentrée 2025, le marché automobile français montre les premiers signes d’un léger redressement après plusieurs mois de turbulences. Selon les premières estimations d’AAA Data, 140 354 voitures particulières neuves ont été immatriculées en septembre 2025, soit une progression modeste par rapport à septembre 2024, qui avait marqué un point bas historique (+1%). Cette embellie relative reste toutefois fragile, car la dynamique du secteur demeure freinée par plusieurs facteurs économiques et structurels.
📉 Des ventes toujours sous tension
Depuis le début de l’année, le marché automobile français évolue dans le rouge. Malgré le sursaut de septembre, le cumul annuel 2025 affiche une légère hausse de 1% par rapport à 2024, selon les données compilées par AAA Data et AutoPlus.
Les ventes aux particuliers enregistrent une progression (+7 % sur un an en septembre), alors que les flottes d’entreprises accusent un repli (–7 %), conséquence d’un contexte économique morose et d’une fiscalité encore instable.
Résultats de Septembre : Renault devance Stellantis de justesse
Le mois de septembre confirme la domination française sur le marché. Le Groupe Renault prend la tête des immatriculations de voitures neuves avec un total de 36 097 unités (+6,5 %), devançant de peu Stellantis, stable à 36 071 ventes.
L’excellente dynamique du Groupe Renault repose sur la performance exceptionnelle de Dacia, en progression de 23,7 %. À l’inverse, la marque au Losange enregistre un léger tassement (-1,6 %). Parmi les marques étrangères, Toyota cède du terrain, avec une baisse de 11,2 % de ses immatriculations.
Classement des Voitures (Septembre 2025)
- Renault Clio
- Peugeot 208
- Dacia Sandero
- Citroën C3 (Belle remontée à la 4e place, avec 3 811 ventes)
- Peugeot 2008 / 3008 (Le duo SUV)
- Renault Captur (Performance notable avec 3 245 unités)
⚡ L’électrique et l’hybride prennent de l’ampleur
La transition énergétique s’accélère : en septembre, la part de marché des véhicules électriques (VE) s’établit autour de 22%, avant même le lancement du leasing social.
Les flottes professionnelles jouent un rôle moteur dans cette dynamique, avec une croissance de +44% des immatriculations de VE dans ce segment.
Les hybrides (HEV) et mild hybrid (MHEV) poursuivent également leur progression, tandis que les motorisations essence et diesel poursuivent leur déclin structurel (respectivement –25 % et –22 % sur un an).
Ce basculement progressif reflète les effets conjugués :
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du bonus écologique, recentré sur les véhicules produits en Europe,
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du malus CO₂ renforcé depuis janvier,
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et de la hausse des zones à faibles émissions (ZFE), qui pousse les acheteurs à anticiper les restrictions futures.
💶 Pouvoir d’achat et financement : les freins persistent
Malgré la volonté de transition, de nombreux ménages restent freinés par le prix des véhicules neufs.
Le coût moyen d’un modèle neuf dépasse désormais 36 000 €, rendant difficile l’accès à l’électrique sans aides ou offres de leasing.
Le leasing social à 100 € par mois, annoncé par le gouvernement, reste encore limité dans sa mise en œuvre, avec des délais de livraison et des quotas restreints.
Ce retard empêche pour l’instant un véritable effet d’entraînement sur les ventes de VE auprès des particuliers.
Face à cela, le marché de l’occasion continue de servir de soupape : 456 514 transactions ont été enregistrées en septembre 2025, soit une hausse de +5%. Les acheteurs se tournent vers des véhicules récents électrifiés ou des thermiques récents plus abordables.
🔮 Quelles perspectives pour la fin d’année ?
Les analystes anticipent une stabilisation du marché d’ici la fin 2025, sans véritable rebond massif.
Les facteurs clés à surveiller :
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le déploiement effectif du leasing électrique,
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le niveau des taux d’intérêt, qui conditionne les financements,
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et la réaction des constructeurs, qui multiplient les remises et formules de location longue durée pour relancer les commandes.
À moyen terme, le marché français reste en phase de mutation. Le faible hausse des ventes neuves ne traduit pas seulement une crise conjoncturelle, mais bien une réallocation structurelle de la demande vers des solutions plus sobres, connectées et adaptées aux nouvelles réglementations.
La rentrée 2025 confirme que le marché automobile français traverse une transition délicate mais inévitable.
La légère embellie de septembre masque à peine les tensions persistantes : pouvoir d’achat contraint, incertitudes fiscales, offre en mutation.
L’avenir du secteur passera par une accélération maîtrisée de l’électrification, une meilleure accessibilité financière, et une communication claire auprès des consommateurs.
Les mois à venir seront décisifs pour savoir si ce frémissement de septembre annonce une véritable reprise ou une simple parenthèse.











